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Manipulation et contre manipulation : la rumeur

Par Philippe
La rumeur

Manipulation et contre manipulation : la rumeur…

Cet article va nous mettre dans la peau de Steven. Il s’agit d’un ancien collègue à moi, (pour cet article, j’ai préféré utiliser un pseudonyme), pendant une conversation anodine où nous parlions d’influence et de psychologie, il m’a fait part de sa tendance à utiliser la rumeur autour de lui, avec sa famille, ses amis et ses collègues. Son adage favori : “Diviser pour mieux régner.”

Mon but est justement de vous apprendre à contrer cette manipulation néfaste. Afin de la contrer, il est nécessaire de comprendre son mécanisme afin de la déjouer.

Ce poison se propage à la vitesse d’une bouche au creux de l’oreille, on ne sait que rarement d’où elle provient et peut créer des tensions au sein d’un groupe rapidement.

Du cadre paradisiaque… Au cadre paranoïaque

Cependant, cette stratégie nous en apprend beaucoup sur la manière dont fonctionne notre système de croyance. En effet, il suffit de placer un individu dans un cadre cognitif particulier pour qu’il crée une nouvelle réalité. En d’autres termes, placez une personne dans un contexte pour qu’elle recrée une réalité en fonction de CE contexte…

La rumeur dans l’évolution

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Tout le monde semble détester l’idée de commérage et peu nombreux sont ceux qui utiliseraient l’attribut de « commère » pour se caractériser. Pourtant, il est exceptionnel de rencontrer quelqu’un qui soit capable de s’éloigner lorsqu’il entend une histoire croustillante concernant une connaissance.

Robin Dunbard de l’université de Liverpool suggère que le potin est un mécanisme permettant de créer des liens dans un groupe social, l’équivalent humain du toilettage mutuel que l’on observe chez les primates. C’est également l’un des meilleurs outils que nous possédons pour nous comparer socialement.

Nos ancêtres de la préhistoire jaugeaient déjà leurs semblables afin de déterminer qui étaient des tricheurs, malhonnêtes OU des partenaires valables.

Ainsi, les personnes fascinées par la vie des autres avaient simplement plus de succès que celles qui n’y prêtaient pas attention. Notre incapacité à ignorer les ragots ferait partie de la nature humaine au même titre que notre incapacité à résister aux sucreries ou avoir des relations sexuelles.

Utiliser « les rumeurs » permet donc d’appuyer sur un levier irrésistible dont le commun des mortels est sensible.

Mais, permettez-moi d’aller plus loin dans la réflexion…

La rumeur

Avant tout, soulignons les avantages et les inconvénients de la rumeur…

AVANTAGES :

– Elle permet de renforcer l’appartenance au groupe. MAIS exclut les individus exposés aux ragots…

– Elle flatte l’ego des individus tout en rabaissant celui des concernés.

– Elle alimente les débats, voire les passions, et focalise l’attention.

INCONVÉNIENTS :

– Elle peut se retourner contre l’envoyeur si l’information est “captée par la victime”.

– L’envoyeur est perçu comme une commère si il est démasqué.

Pour limiter les risques, la rumeur est souvent dévoilée dans un groupe restreint. Personne ne sait d’où la rumeur est partie et le téléphone arabe fait le reste : la rumeur est déformée, amplifiée, transformée…

Les plus doués ne divulgueront la rumeur qu’à une personne à la fois, cela renforçant le principe d’exclusivité (ou de “rareté” très prisé en manipulation).

au cadre paranoïaque

 

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Steven utilise les rumeurs pour prendre un ascendant psychologique, il lui arrive de pousser la manipulation à son paroxysme en créant un cadre paranoïaque.

Un cadre paranoïaque ? Je m’explique…

L’objectif de la rumeur est de gagner en influence, tout en diminuant celle des concernés, de toucher l’estime, d’alimenter les conversations…

Cela crée une sorte de jouissance sadique : on est heureux d’apprendre que Nathalie aurait eu une aventure avec Pierrick, c’est plaisant, amusant et cela peut être embarrassant pour nos deux victimes…

 Le cadre paranoïaque va plus loin : il implique l’individu qui prend connaissance de cette rumeur. A partir de là, les rôles s’inversent, on devient acteur et non plus spectateur.

Le plaisir laisse place à la peur…

«  Steven : J’ai entendu dire que Jean avait balancé au chef que Paul fumait en dehors des pauses…

Destinataire : Ah oui ? Tu crois qu’il aurait pu faire ça ?

Steven: On ne sait jamais… Mais imagines si il répète que l’on fume également ? »

Steven fait passer un message indirect : Jean est une pipelette. Pire que ça : Jean fayote et il met en péril la “sécurité” du groupe.

Steven renforce alors le principe d’exclusivité et met en garde son interlocuteur.

La stratégie du cadre paranoïaque est, malheureusement, très efficace, elle l’est d’autant plus lorsque :

  • Elle joue sur la liberté d’action du concerné (principe de réactance psychologique).
  • Elle joue sur la liberté d’action du groupe (principe de conformité mis en danger).

Le cadre paranoïaque est parfois suggérée de façon totalement indirecte :

« Tu sais… Je me méfie des gens ici… Il paraît que certaines personnes (blabla…) »

En testant cela, j’ai souvent obtenu comme réponse : «Oui, eh bien, si j’apprends ça, je t’assure qu’ils vont comprendre comment je m’appelle ! »

Pour conclure, j’aimerais vraiment que vous preniez un instant, lorsqu’une rumeur est lancée, de demander à l’individu de clarifier la situation, voire de recadrer complètement ses dires :

  • Quelles sont tes sources ?

  • Qu’est-ce qui te fait dire que c’est vrai ?

  • Pourquoi ne pas demander au principal intéressé ?

  • Qu’est-ce que tu penses de tout cela ?

Pour ma part, je pense qu’il s’agit d’une manipulation particulièrement mauvaise (dans le sens propre comme figuré), elle se retourne forcément contre l’expéditeur d’une manière ou d’une autre, à moins d’être un manipulateur aguerri.

Je termine par cette citation :

“ Les grands esprits discutent des idées ; les esprits moyens discutent des événements ; les petits esprits discutent des gens.”

Eleanor Roosevelt

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5 réponses

  1. Merci pour cet article, SkyDream ! (Nous n’avons pas été prévenus par mail, donc c’est une jolie surprise ^^)

    Il est vrai que dans l’entreprise dans lequel je travaille, le potin est un sport à part entière 🙂

    Dis moi… est-ce que tu penses que la rumeur est universelle ou typiquement masculine/féminine ?

    Merci d’avance !

    1. Merci pour le retour, Charlene ! C’est vrai, je n’ai pas prévenu les abonné(e)s du Cercle pour cet article, tu as raison !

      Très bonne question, à ma connaissance, il n’y a pas eu de sondages là-dessus, à savoir : est-ce que la rumeur est plus masculine ou féminine.

      J’ai toutefois noté que les femmes utilisaient souvent la rumeur pour déstabiliser alors que les hommes prennent les rumeurs au second degré. Ils s’en amusent.

      Enfin, là, je ne tire aucune conclusion, bien sûr, il s’agit d’une expérience que j’ai vécu dans les diverses entreprises que j’ai pu fréquenter.

      Merci pour le retour, Charlene !

      SkyDream

  2. Bonjour Philippe,

    Est-ce qu’on peut parler d’hypnose conversationnelle dans ce cas-là ? Ca m’interpelle puisque que l’on crée un cadre alors forcément je fais le parallèle avec l’hypnose qui crée un contexte =)

    Merci pour ta réponse et tes articles géniaux.

    Francky

    1. Haha, j’attendais ce genre de retour, bien vu Francky !

      En effet, on peut aisément faire le parallèle avec l’hypnose conversationnelle. Et je pense qu’en effet, la création de cadre est au CENTRE de l’approche indirecte et impromptue de l’HC !

      Donc oui, en tout les cas, je fais le parallèle entre ce biais cognitif et l’hypnose conversationnelle.

      Merci Francky !

  3. C’est un article extremement interessant. J’ai l’impression que la rumeur et la technique du “diviser pour mieux régner” est la technique de manipulation la plus utilisée chez monsieur et madame tout-le-monde. J’observe cette technique partout, tout le temps, dans le cadre de ma famille, mon école ou mon travail. Petite technique mais technique puissante dans un groupe malheureusement
    Merci pour cet article !

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